jeudi 14 mai 2015

Machenka



Machenka (écrit en 1925)
VLADIMIR NABOKOV
Littérature étrangère FAYARD - 1998

Ce que j'aime dans la littérature étrangère, c'est baigner dans une ambiance différente, sentir dans l'écriture les nuances parfois évidentes ou plus subtiles liées aux autres cultures. C'est pour moi presque un jeu...
Pour celui-ci, j'ai commencé par lire le livre avant de m'intéresser à l'auteur. C'est sans beaucoup de surprise que j'ai découvert son histoire, car son écriture trahit son passé.
Il m'arrive aussi parfois de lire les préfaces après le roman lui-même... Comme je le disais ci-dessus, c'est ludique !

L'auteur

Vladimir Nabokov est né le 22 avril 1899 à Saint-Pétersbourg.
Sa famille fait partie de l'aristocratie russe, grâce à laquelle il reçoit une éducation favorisée. En plus du Russe sa langue maternelle, il apprend l'anglais et le français. L'aisance financière de ses parents lui ouvre également les portes de l'Europe. 
En 1917 la révolution bolchévique impose à la famille Nabokov de quitter son domicile pour trouver refuge en Crimée, puis à Londres où Vladimir sera admis à Cambridge comme étudiant en littérature russe et française.

Maison de la famille Nabokov à Saint-Pétersbourg

La famille s'expatrie ensuite à Berlin. L'auteur fait la connaissance de sa future épouse Véra Eysélevna Slonim. Dans cette même période, son père est abattu lors d'une réunion politique. C'est également vers 1922 qu'il affirme sa volonté de devenir écrivain.
En 1937, le couple fuit Berlin et le nazisme pour trouver refuge à Paris, puis embarque pour les États-Unis en 1940.

Même si son ambition est de vivre de son écriture, Vladimir qui ne connaît pas encore le succès vit de son métier d'enseignant. Il occupe un poste au Museum on comparative zoology de Harvard - Nabokov est passionné par les papillons.

En 1948, il devient maître de conférences à Cornell University. Il a à présent le plaisir de disserter sur les plus grands auteurs de la littérature anglaise, française et allemande (Austen, Dickens, Flaubert, Proust, Kafka...) mais aussi sur ceux de la littérature russe comme Gogol, Tolstoï, Tchékhov...

C'est en 1955 qu'il rencontre un immense succès avec son roman "Lolita" qui est d'abord publié en France (en langue anglaise). Le sujet sulfureux (un homme est attiré par une fille de douze ans) repousse la publication aux Etats-Unis de trois ans.
Ce livre est cependant considéré comme une œuvre majeure et devient un best-seller.
Adaptation de "Lolita" par Stanley Kubrick



En 1961, la famille Nabokov rentre en Europe et s'installe à Montreux où l'écrivain se consacre à l'écriture et aux papillons.
Vladimir Nabokov décéde en juillet 1977. Son dernier roman "The Original of Laura" reste inachevé. Des extraits sont pourtant publiés en 2009.





En 4ème de couverture on peut lire... 

Écrit en russe en 1925, Machenka est la première image - aussi éclatante que toutes celles qui suivront - du Kaléidoscope nabokovien.
"Ce qu'il y a de meilleur dans la biographie d'un auteur, ce n'est pas le récit de ses aventures, mais l'histoire de son style", affirmait Nabokov dans une interview de Vogue en 1970, en réponse à une question sur sa tendresse particulières pour son premier roman et la place qu'il lui attribuait dans son œuvre. Et ce n'est pas un hasard s'il attendit quarante-cinq ans avant de le faire traduire en anglais : lu à travers le prisme de l’œuvre postérieure, Machenka devient le reflet de ses propres reflets ; l'image y naît de sa réverbération, le mot de son écho.


Qu'allons nous découvrir en lisant ce livre...
L'histoire se déroule sur une courte durée, le temps d'une semaine les habitants d'une pension pour réfugiés russes se côtoient et s'entraident. Ganine, personnage central m'a semblé un être distant et peu attachant. Ses humeurs et ses envies fluctuent tellement qu'il est difficile de cerner véritablement l'homme qu'il est. C'est grâce à quelques retours dans le passé du réfugié russe qu'apparaît la fantomatique Machenka... 

Et l'histoire commence comme ça...


Mon avis

Il m'a certes fallu un certain temps pour m'impliquer dans l'histoire, environ cent pages, mais j'ai terminé ce livre satisfaite de l'avoir lu. L'écriture est très imagée, poétique même, sans pourtant ressembler à celle des pays asiatiques où la métaphore est largement employée. Ce n'est pas véritablement une intrigue qui se joue ici, mais plus l'analyse psychologique d'un homme à un moment donné de sa vie.
C'est pour moi une découverte intéressante et enrichissante.




Quelques extraits ?

 
"Rien ne ressuscite le passé aussi complètement qu'une odeur qui lui a jadis été associée."
 
"Bientôt, à travers les vagues de la nuit, il distinguait la lente rotation des colonnes que balayait doucement le même rayon blanchâtre de la lanterne ; et là, sous le porche à six colonnes du manoir fermé d'un inconnu, Ganine était accueille par une bouffée d'odorante fraîcheur, mélange de parfum et de serge humide - et ce baiser de pluie d'automne était si long et si profond qu'ensuite de grandes taches lumineuses dansaient devant ses yeux et que le friselis de la pluie sur les larges ramures au feuillage innombrable semblait s'intensifier brusquement."

"Nos petits-enfants ne comprendront jamais rien à ces stupides questions de visas, dit Podtiaguine qui examinait son passeport avec respect. Ils ne comprendront jamais qu'un simple tampon de caoutchouc puisse concentrer tant d'angoisse."

"La pleine lune brille sur les forêts et les ruisseaux, 
Vois leurs rides... de quel éclat elles luisent !" 
 

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