jeudi 28 mai 2015

Le Major et l'épicière

La dernière conquête du Major Pettigrew
d'Helen Simonson



La romancière, Helen Simonson...


Née en Angleterre, Helen Simonson vit aujourd'hui à New York. Elle a passé son enfance dans l'East Sussex, ce "pays littéraire" où vécurent notamment Henry James, Rudyard Kipling et Virginia Woolf, et dans lequel elle puise encore une grande partie de son inspiration. 
Helen Simonson est diplômée de la célèbre L.S.E. (London School of Economics)
Phénomène de librairie en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, où il est resté plusieurs semaines en tête des listes des meilleures ventes, la Dernière Conquête du major Pettigrew est son premier roman. (Editions NiL - 2012)




Ce qu'en dit la 4ème de couverture...

A Edgecombe Saint Mary, une tasse de thé délicatement infusé est un rituel auquel, à l'heure dite, le major Ernest Pettigrew ne saurait déroger. Désormais veuf, ce parfait gentleman retraité du Royal Sussex a pour seule compagnie ses livres, ses chers Kipling, et quelques amis du club de golf - tous occupés à fuir leurs dames patronnesses. Et ce n'est guère son fils, dévoré par l'ambition et les jeux de pouvoir de la City, qui saurait être le complice de ses vieux jours.
Quand l'amour se présente soudain à lui sous les traits de la douce Madame Ali - l'épicière d'origine pakistanaise et de confession musulmane -, la communauté villageoise s'émeut, l'équilibre familial vacille. Le major, si respectueux des traditions, saura-t-il mener sa dernière conquête contre les convenances, la vox populi et... lui-même ?

Mon avis...

Un livre qui se lit tout doucement, parce qu'il est délicat et qu'il fourmille de petites phrases aux accents "British".
Je mentirais si je disais que j'ai adoré ce livre, cependant j'y ai trouvé beaucoup de finesse et de sensibilité. 
Un brin émouvante, légèrement désuète,  cette histoire d'amour entre un retraité et une épicière pakistanaise peut séduire les "lover of " romans britanniques...

Le début de la romance...



Quelques extraits ?

"- De nos jours, les hommes attendent de leur femme qu'elle soit aussi époustouflante que leur maîtresse.
- C'est atroce. Comment donc les distingueront-ils l'une de l'autre ?"

"Il avait oublié que le chagrin ne décline pas en ligne droite ou suivant une courbe lente, comme un graphique dans le livre de mathématiques d'un enfant.
Au lieu de quoi, tout se passait comme si son corps renfermait un monceau de détritus de jardin, avec de lourdes mottes de terre et des buissons aux épines acérées qui le piquaient au moment où il s'y attendait le moins."

"Pas de religion, pas de politique, le sexe seulement à travers des allusions... pas étonnant que vous, les Britanniques, soyez obsédés par la météo, mon chéri"

lundi 25 mai 2015

Au plus près de l'empathie....





 Les Lisières
Olivier Adam



Extrait de la 4ème de couverture

Entre son ex-femme dont il est toujours amoureux, ses enfants qui lui manquent, son frère qui le somme de partir s'occuper de ses parents "pour une fois", son père ouvrier qui s'apprête à voter FN et le tsunami qui ravage un Japon où il a vécu les meilleurs moments de sa vie, tout semble pousser Paul Steiner aux lisières de sa propre existence.
De retour dans la banlieue de son enfance, il va se confronter au monde qui l'a fondé et qu'il a fui. En quelques semaines et autant de rencontres, c'est à un véritable état des lieux personnel, social et culturel qu'il se livre, porté par l'espoir de trouver, enfin sa place.




L'auteur

Olivier Adam est né en 1974. Après avoir grandi en banlieue et vécu à Paris, il s'est installé à Saint-Malo.


Bibliographie - ses livres les plus populaires
Je vais bien, ne t'en fais pas  (adapté au cinéma)
Des vents contraires (adapté au cinéma)
Le cœur régulier
Passer l'hiver 
Falaises
A l'abri de rien
Peine perdue...




Mon avis

J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre. Les premières pages peuvent sembler un peu longues et sombres mais il serait dommage de se laisser décourager.
Il est vrai que l'histoire d'un homme déprimé suite à une rupture et la séparation d'avec ses enfants est un thème qui suscite l'affliction plutôt que l'enthousiasme !
C'est un roman intimiste dans lequel Paul, personnage central, se livre sans pudeur sans pour autant s'infatuer.
Dans cette histoire, on balance entre des échanges tantôt prosaïques, tantôt conflictuels avec le père de Paul, on vit une relation éphémère mais sulfureuse avec une ancienne amie, on partage les retrouvailles avec de vieux copains, et on jette un regard acerbe sur la politique et sur la vie en banlieue. En résumé, on ne s'ennuie pas : on partage, on compatit, on sourit, on pleure...
Olivier Adam est  un écrivain capable d'évoquer les sentiments sans jamais tomber dans la sensiblerie. Son écriture sans compromission est bouleversante de justesse.  L'analyse psychologique est fine et pertinente. Son regard sur la politique, l'actualité et la société est proche du mien, c'est probablement une raison supplémentaire pour qu'Olivier Adam me soit aussi sympathique.

Les tribulations d'un jeune médecin...



 Les confessions de Mr Harrison
d'Elizabeth Gaskell




L'auteure

Elizabeth Gaskell fait partie de la grande et talentueuse cohorte des romancières anglaise du XIXe siècle, aux côtés de Jane Austen, Charlotte, Emily et Anne Bronté et George Eliot.
Ses romans et nouvelles se distinguent par leur charme, leur vivacité, leur humour, leur intelligence et même leur courage, si l'on songe au tollé que soulevèrent au moment de leur parution certains d'entre eux, jugés beaucoup trop progressistes par une partie de la bourgeoisie d'outre-Manche. Malgré ses nombreuses occupations, cette femme de pasteur et mère de quatre fille a trouvé le temps de laisser à la postérité une œuvre foisonnante. (Éditions de l'Herme - 2010)
 

Bibliographie - ses romans les plus connus

Nord et Sud
Femmes et filles
Cranford
Les amoureux de Sylvia
La sorcière de Salem
Ruth
Mary Barton
etc...








Voici ce que l'on découvre en 4ème de couverture
Tout en cheminant jusque chez moi, Jack me dit : " Ma parole, Frank ! Ce que j'ai pu m'amuser avec la petite dame en bleu. Je lui ai dit que tu m'écrivais tous les samedis pour me raconter les événements de la semaine. Elle a tout gobé. " Il s'arrêta pour rire, car il était secoué par de tels accès, de tels spasmes d'hilarité, qu'il n'était plus en état de marcher.     
"Et je lui ai dit aussi que tu étais amoureux fou, nouveau spasme, d'une personne dont je n'avais pas réussi à t'arracher le nom, mais qui avait des cheveux châtain clair - bref, j'ai peint d'après nature et décrit avec précision tout ce que j'avais sous les yeux ; puis j'ai ajouté que je voulais à tout prix voir ta bien-aimée et la supplier d'avoir pitié de toi, car avec les femmes tu étais le garçon le plus timoré, le plus poltron du monde.
" À ces mots, il fut saisi par une crise de fou rire si violente que je crus qu'il allait rouler sur le pavé. " [...] Je finis par être obligé de rire, si furieux que j'eusse été jusque-là; son impudence était irrésistible."

Mon avis
Il ne faut pas s'attendre à un livre palpitant dans lequel une intrigue vous tiendrait en haleine page après page. Non. Ce court roman se lit très sereinement. On y trouve quelques préoccupations des milieux favorisés de l'époque, comme les réceptions, les promenades en calèche, le qu'en-dira-t-on... mais aussi des amourettes et des quiproquos.
L'écriture d'Elizabeth Gaskell est souvent ironique, presque malicieuse. On s'amuse des tribulations d'un jeune médecin de campagne en quête d'une future compagne. Convoité et attiré tour à tour, ce jeune homme découvre le petit monde qui peuple le village de Duncombe et finit par y trouver sa place après quelques péripéties parfois cocasses !
C'est un livre que j'ai bien aimé pour la plume de l'auteure et pour le côté frais de l'histoire. Si on ajoute à ceci, l'époque, l'humour "So British, le sarcasme à peine déguisé de l'écrivaine, on comprendra que j'ai lu les dernières pages avec le sourire !
 

dimanche 24 mai 2015

Un écrivain que j'adore... Paul Auster

Paul Auster
LEVIATHAN

Si vous ne connaissez pas encore Paul Auster, 
je vous propose de le rencontrer avec ce livre,
 c'est un roman très prenant qui a d'ailleurs obtenu le prix Médicis en 1993




L'auteur
Paul Auster est un écrivain américain très brillant. Il est né en 1947 à Newark et vit aujourd'hui à Brooklyn.
Poète, traducteur et romancier, son œuvre est traduite en trente-cinq langues.
Il est marié à la romancière Siri Hustvedt.


Bibliographie, liste non exhaustive...

Trilogie new-yorkaise en 1988
    La Cité de verre (City of Glass) (1985)
    Revenants (Ghosts) (1988)
    La Chambre dérobée (The Locked Room) (1988)
      Moon Palace en 1990
      La Musique du hasard en 1991
      Léviathan en 1993
      M. Vertigo en 1994
      La Nuit de l'oracle en 2004
      Brooklyn Follies en 2004
      Seul dans le noir en 2009
      Invisible en 2010
      Sunset Park en 2011





       
       
      L'histoire
      Un inconnu a été mis en pièces par l'éclatement d'une bombe. Convaincu qu'il s'agit de Ben, Peter rédige un compte-rendu biographique de son ami, écrivain comme lui, presque son alter ego... Sous couvert d'une captivante enquête psychologique soutenue par une écriture remarquablement limpide se profile l'interrogation existentielle d'un écrivain américain contemporain qui dresse l'état des lieux.


      Le Léviathan  - http://symbolique-eso.blogspot.fr/2013/06/le-leviathan.html



      Mon avis
      Je suis fan de l'écriture de cet auteur. Son style est fluide et son approche simple et précise. Comme pour chacun des romans de Paul Auster, je suis admirative devant la qualité de la description des protagonistes qui s'étend jusqu'à l'intimité. 



      L'histoire commence ainsi...




      Quelques extraits ?
      "Si faire le récit de ce qui m'est arrivé me bouleverse encore, c'est parce que le réel dépasse toujours ce que nous pouvons imaginer. Si débridées que nous jugions nos inventions, elles ne parviennent jamais au niveau des incessantes et imprévisibles vomissures du monde réel. Cette leçon me parait désormais incontestable. Il peut arriver n'importe quoi. Et, d'une manière ou d'une autre, c'est toujours ça qui arrive."

      "Négliger les enfants, c'est nous détruire nous-mêmes. Nous n'existons dans le présent que dans la mesure où nous mettons notre foi dans le futur."


      vendredi 15 mai 2015

      Frères et soeurs en cavale...

      L'Echappée belle
      Anna Gavalda


      L'auteure

      crédit photo Le Dilletante
      Anna Gavalda est née le 9 décembre 1970 à Boulogne-Billancourt.
      En plus d'être écrivaine, elle est également journaliste car elle rédige des articles pour le magazine "Elle".
      Elle est la maman de deux enfants et vit aujourd'hui à Melun.





      Biographie - Les livres les plus populaires 

      • 2001 - L’Échappée belle (2009 éd. Le Dilettante)
      • 2002 - Je l'aimais - Adapté au cinéma
      • 2002 - 35 kilos d'espoir (roman jeunesse)
      • 2004 - Ensemble, c'est tout - Adapté au cinéma
      • 2008 - La Consolante
      • 2013 - Billie
      • 2014 - La Vie en mieux


      Ce qu'en dit l’éditeur...


      Simon, Garance et Lola, trois frère et sœurs devenus grands (vieux?), s'enfuient d'un mariage de famille qui s'annonce particulièrement éprouvant pour aller rejoindre Vincent, le petit dernier, devenu guide saisonnier d'un château perdu au fin fond de la campagne tourangelle.
      Oubliant pour quelques heures marmaille, conjoint, divorce, soucis et mondanités, ils vont s'offrir une dernière vraie belle journée d'enfance volée à leur vie d'adultes.



      Mon avis

      Un roman simple, léger, sans prétention, qui se lit avec un sourire au coin des lèvres. Une fraîcheur se dégage de cette histoire ; c'est   parfois drôle -  une belle-sœur rabat-joie pimente un peu l'histoire - c'est parfois émouvant et souvent touchant. La relation particulière qui existe dans beaucoup de fratries est très justement restituée.
      Ce livre très agréable se lit très vite, il est pétri d'amour comme les autres romans d'Anna. Je pense que ce petit bouquin pourrait trouver sa place dans votre valise d'été...



      C'est ainsi que la cavale a commencé...




      Quelques extraits ?

      "J'ai émergé sur le parking d'une station essence du côté d'Orléans. Bien dans le coaltar. Ensuquée et baveuse. J'avais du mal à ouvrir les yeux et mes cheveux me paraissaient étonnamment lourds. D'ailleurs je les ai même tâtés pour voir si c'étaient vraiment des cheveux."

      "Et ma Lola à genoux, dessinant au milieu des marguerites et des pois de senteur... Le dos de ma sœur, son grand chapeau, les papillons blancs qui s'y risquaient, ses cheveux retenus dans un pinceau, sa nuque, ses bras qu'un récent divorce avait décharnés et le bas de son tee-shirt sur lequel elle tirait pour estomper ses couleurs. Cette palette de coton blanc qu'elle aquarellait peu à peu... 
      Jamais je n'ai tant regretté mon appareil photo."

      "Toujours se laver les mains. Toujours se laver la bouche. Toujours pisser en équilibre dix centimètres au-dessus de la lunette et embrasser sans y poser les lèvres. Toujours juger les mamans à la couleur des oreilles de leurs mômes.
      Toujours.
      Toujours juger."







      jeudi 14 mai 2015

      Machenka



      Machenka (écrit en 1925)
      VLADIMIR NABOKOV
      Littérature étrangère FAYARD - 1998

      Ce que j'aime dans la littérature étrangère, c'est baigner dans une ambiance différente, sentir dans l'écriture les nuances parfois évidentes ou plus subtiles liées aux autres cultures. C'est pour moi presque un jeu...
      Pour celui-ci, j'ai commencé par lire le livre avant de m'intéresser à l'auteur. C'est sans beaucoup de surprise que j'ai découvert son histoire, car son écriture trahit son passé.
      Il m'arrive aussi parfois de lire les préfaces après le roman lui-même... Comme je le disais ci-dessus, c'est ludique !

      L'auteur

      Vladimir Nabokov est né le 22 avril 1899 à Saint-Pétersbourg.
      Sa famille fait partie de l'aristocratie russe, grâce à laquelle il reçoit une éducation favorisée. En plus du Russe sa langue maternelle, il apprend l'anglais et le français. L'aisance financière de ses parents lui ouvre également les portes de l'Europe. 
      En 1917 la révolution bolchévique impose à la famille Nabokov de quitter son domicile pour trouver refuge en Crimée, puis à Londres où Vladimir sera admis à Cambridge comme étudiant en littérature russe et française.

      Maison de la famille Nabokov à Saint-Pétersbourg

      La famille s'expatrie ensuite à Berlin. L'auteur fait la connaissance de sa future épouse Véra Eysélevna Slonim. Dans cette même période, son père est abattu lors d'une réunion politique. C'est également vers 1922 qu'il affirme sa volonté de devenir écrivain.
      En 1937, le couple fuit Berlin et le nazisme pour trouver refuge à Paris, puis embarque pour les États-Unis en 1940.

      Même si son ambition est de vivre de son écriture, Vladimir qui ne connaît pas encore le succès vit de son métier d'enseignant. Il occupe un poste au Museum on comparative zoology de Harvard - Nabokov est passionné par les papillons.

      En 1948, il devient maître de conférences à Cornell University. Il a à présent le plaisir de disserter sur les plus grands auteurs de la littérature anglaise, française et allemande (Austen, Dickens, Flaubert, Proust, Kafka...) mais aussi sur ceux de la littérature russe comme Gogol, Tolstoï, Tchékhov...

      C'est en 1955 qu'il rencontre un immense succès avec son roman "Lolita" qui est d'abord publié en France (en langue anglaise). Le sujet sulfureux (un homme est attiré par une fille de douze ans) repousse la publication aux Etats-Unis de trois ans.
      Ce livre est cependant considéré comme une œuvre majeure et devient un best-seller.
      Adaptation de "Lolita" par Stanley Kubrick



      En 1961, la famille Nabokov rentre en Europe et s'installe à Montreux où l'écrivain se consacre à l'écriture et aux papillons.
      Vladimir Nabokov décéde en juillet 1977. Son dernier roman "The Original of Laura" reste inachevé. Des extraits sont pourtant publiés en 2009.





      En 4ème de couverture on peut lire... 

      Écrit en russe en 1925, Machenka est la première image - aussi éclatante que toutes celles qui suivront - du Kaléidoscope nabokovien.
      "Ce qu'il y a de meilleur dans la biographie d'un auteur, ce n'est pas le récit de ses aventures, mais l'histoire de son style", affirmait Nabokov dans une interview de Vogue en 1970, en réponse à une question sur sa tendresse particulières pour son premier roman et la place qu'il lui attribuait dans son œuvre. Et ce n'est pas un hasard s'il attendit quarante-cinq ans avant de le faire traduire en anglais : lu à travers le prisme de l’œuvre postérieure, Machenka devient le reflet de ses propres reflets ; l'image y naît de sa réverbération, le mot de son écho.


      Qu'allons nous découvrir en lisant ce livre...
      L'histoire se déroule sur une courte durée, le temps d'une semaine les habitants d'une pension pour réfugiés russes se côtoient et s'entraident. Ganine, personnage central m'a semblé un être distant et peu attachant. Ses humeurs et ses envies fluctuent tellement qu'il est difficile de cerner véritablement l'homme qu'il est. C'est grâce à quelques retours dans le passé du réfugié russe qu'apparaît la fantomatique Machenka... 

      Et l'histoire commence comme ça...


      Mon avis

      Il m'a certes fallu un certain temps pour m'impliquer dans l'histoire, environ cent pages, mais j'ai terminé ce livre satisfaite de l'avoir lu. L'écriture est très imagée, poétique même, sans pourtant ressembler à celle des pays asiatiques où la métaphore est largement employée. Ce n'est pas véritablement une intrigue qui se joue ici, mais plus l'analyse psychologique d'un homme à un moment donné de sa vie.
      C'est pour moi une découverte intéressante et enrichissante.




      Quelques extraits ?

       
      "Rien ne ressuscite le passé aussi complètement qu'une odeur qui lui a jadis été associée."
       
      "Bientôt, à travers les vagues de la nuit, il distinguait la lente rotation des colonnes que balayait doucement le même rayon blanchâtre de la lanterne ; et là, sous le porche à six colonnes du manoir fermé d'un inconnu, Ganine était accueille par une bouffée d'odorante fraîcheur, mélange de parfum et de serge humide - et ce baiser de pluie d'automne était si long et si profond qu'ensuite de grandes taches lumineuses dansaient devant ses yeux et que le friselis de la pluie sur les larges ramures au feuillage innombrable semblait s'intensifier brusquement."

      "Nos petits-enfants ne comprendront jamais rien à ces stupides questions de visas, dit Podtiaguine qui examinait son passeport avec respect. Ils ne comprendront jamais qu'un simple tampon de caoutchouc puisse concentrer tant d'angoisse."

      "La pleine lune brille sur les forêts et les ruisseaux, 
      Vois leurs rides... de quel éclat elles luisent !" 
       

      dimanche 3 mai 2015

      La joueuse de go

        La joueuse de go

      de Shan Sa

      Prix Goncourt des Lycéens 2001

       

      L'auteure

      Née en Chine, Shan Sa (pseudonyme qui signifie, en chinois, « bruissement du vent dans la montagne ») est d’abord une poétesse d'expression chinoise. À douze ans, elle obtient le premier prix du concours national de poésie des enfants. Après des études secondaires à Pékin, elle passe en 1990 l'équivalent du baccalauréat en France . « Après les manifestations de la place Tian'anmen, j’ai choisi de renaître en France. » En août 1990, elle quitte donc Pékin pour Paris grâce à une bourse du gouvernement français. Elle s’y installe, adopte la langue française et passe le bac en 1992. En 1994, elle termine ses études de philosophie . « Je sais que chaque roman est une marche jetée dans cette infinie élévation vers la perfection d’une langue. » (source Wikipédia)




      L'histoire - 4ème de couverture

      Depuis 1931, le dernier empereur de Chine règne sans pouvoir sur la Mandchourie occupée par l'armée japonaise. Alors que l'aristocratie tente d'oublier dans de vaines distractions la guerre et ses cruautés, une lycéenne de seize ans joue au go. Place des Mille Vents, ses mains infaillibles manipulent les pions. Mélancolique mais fiévreuse, elle rêve d'un autre destin. "Le bonheur est un combat d'encerclement." Sur le damier, elle bat tous ses prétendants.
      Mais la joueuse ignore encore son adversaire de demain : un officier japonais dur comme le métal, à peine plus âgé qu'elle, dévoué à l'utopie impérialiste. Ils s'affrontent, ils s'aiment, sans un geste, jusqu'au bout, tandis que la Chine vacille sous les coups de l'envahisseur qui tue, pille, torture.


      Et l'histoire commence comme ça....




      Jeu de Go

      Mon avis

      Un livre passionnant, très rythmé par des chapitres qui se succèdent avec énergie et rapidité. Ces chapitres très courts se jouent à deux voix, celles d'une chinoise et d'un japonais.
      L'histoire est écrite sans ambages. Le style est direct et les descriptions sont parfois un peu crues, voire dures à la limite du soutenable pour certains passages... 
      On retrouve aussi la sensibilité poétique de Shan Sa grâce à plusieurs métaphores propres au style de l'écriture asiatique. 
      Je vous conseille ce livre, c'est non seulement une histoire captivante, mais aussi un récit très enrichissant.

      Quelques extraits
       
      "Ses yeux brillent, ses joues gelées par le froid sont deux morceaux de tissu pourpre, découpés et collés sur son visage blême."

      "La cruauté de nos militaires puise sa source dans la dureté de notre éducation. Gifles, coups de poing, insultes sont les réprimandes quotidiennes réservées aux enfants. Dans l'armée, pour cultiver la soumission et l'humilité, les officiers frappent les gradés inférieurs et les soldats jusqu'au sang, ou tailladent leurs joues avec une règle en bambou aiguisée à cet effet."

      "Mon frère, après ma première bataille, je n'idolâtre plus que le soleil. Cet astre représente la constance de la mort. Méfie-toi de la lune, miroir de ce monde de beauté. Elle croit, décroît, traîtresse et éphémère. Nous mourrons tous un jour. Seule la nation subsistera. Des milliers de générations de patriotes formeront la grandeur éternelle du Japon."

      "L'inconnu a quitté le jeu. Pour lui, le go demeure un amusement. Les hommes ne vivent pas pour les passions. Ils franchissent les trubulences sentimentales avec désinvolture." Min m'en a montré l'exemple. Le centre de leur existence est ailleurs."

      Pour en savoir plus sur le jeu de go

      Une vie réinventée...


       

      l'amour sans le faire

      de Serge Joncour

      Editions Flammarion - 2012

      Je ne connais pas encore suffisamment l’œuvre de Serge Joncour pour donner un avis objectif sur son écriture que je découvre avec ce livre.
      Cependant, je peux dire que j'ai beaucoup aimé son style que je compare à celui d'Olivier Adam.


      L'auteur

      Serge Joncour est né le 28 novembre 1961.
      Il publie son premier roman, "Vu" en 1998 aux éditions La Dilettante. 
      Il est à la fois timide, discret, et assez maladroit. 
      Ses romans sont traduits en quinze langues.



       

      Ses livres les plus populaires

      L'écrivain national - Flammarion - 2014
      L'homme qui ne savait pas dire non - Flammarion - 2009
      Combien de fois je t'aime - Flammarion - 2008
      L'idole - Flammarion - 2004 (adapté au cinéma)
      U.V. - La Dilletante - 2003 (adapté au cinéma)
      Situations délicates - Flammarion - 2001
      Vu - La Dilletante - 1998 

      L'histoire - 4ème de couverture

      Après dix ans de silence, Franck téléphone un soir à ses parents. Curieusement, c'est un petit garçon qui décroche. Plus curieusement encore, il s'appelle Alexandre, comme son frère disparu des années auparavant. Franck décide alors de revenir dans la ferme familiale. Louise, elle, a prévu d'y passer quelques jours avec son fils. Franck et Louise, sans se confier, semblent se comprendre. "On ne refait pas sa vie, c'est juste l'ancienne sur laquelle on insiste", pense Franck en arrivant. Mais dans le silence de cet été ensoleillé et chaud, autour d'un enfant de cinq ans, "insister" finit par ressembler à la vie réinventée.


      Mon avis

      Une analyse très intéressante sur les relations familiales. Franck, un écorché vif au cœur tendre, a fuit la maison de ses parents il y a bien longtemps pour construire sa vie comme il l'entend en dehors de cette existence à la campagne qu'il trouve médiocre. Un jour de déprime, il décide sur un coup de tête de rentrer chez lui, dans la ferme de ses parents...
      Ce livre c'est un bouillon d'émotions refoulées, de sentiments inavoués, mais c'est aussi une bouffée d'optimisme, de gentillesse, d'amour et de simplicité. J'ai lu ce livre avec beaucoup de plaisir et je sais que je lirai très prochainement "L’écrivain National" du même auteur !


      Quelques extraits

      "Ce que Franck disait de sa famille, quand on lui posait la question, c'est qu'ils s'étaient fâchés. Tout le monde en porte en soi, des être comme ça, qui existent à l'état de fâchés, qu'on ne voit plus, mais qui sont là, amis ou frères, anciens amants, on est fâché, on ne se voit plus, on s'en tient là."

      "Elle est sûre d'une chose, plus jamais elle ne pourra faire l'amour avec un homme pour lequel elle aurait des sentiments, elle ne supporterait plus cette manière d'affoler l'affection, ce risque fou auquel ça expose d'aimer."

      "Ne pas pouvoir s'aimer, c'est peut-être encore plus fort que de s'aimer vraiment, peut-être vaut-il mieux s'en tenir à ça, à cette très haute idée qu'on se fait de l'autre sans tout en connaître, en rester à cette passion non encore franchie, à cet amour non réalisé mais ressenti jusqu'au plus intime, s'aimer en ne faisant que se le dire, s'en plaindre ou s'en désoler, s'aimer à cette distance où les bras ne se rejoignent pas, sinon à peine du bout des doigts pour une caresse, une tête posée sur les genoux, une distance qui permet tout de même de chuchoter, mais pas de cri, pas de souffle, pas d'éternité, on s'aime et on s'en tient là, l'amour sans y toucher, l'amour chacun le garde pour soi, comme on garde à soi sa douleur, une douleur ça ne se partage pas, une douleur ça ne se transmet pas par le corps, on n'enveloppe pas l'autre de sa douleur comme on le submerge de son ardeur."